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VICTOR HUGO - LE MOT

  • Photo du rédacteur: Diane de Basly
    Diane de Basly
  • 20 juin
  • 1 min de lecture

Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites !

Tout peut sortir d’un mot qu’en passant vous perdîtes ;

TOUT, la haine et le deuil ! Et ne m’objectez pas

Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.

Écoutez bien ceci : tête-à-tête, en pantoufle,

Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,

Vous dites à l’oreille du plus mystérieux

De vos amis de cœur ou si vous aimez mieux,

Vous murmurez tout seul, croyant presque vous taire,

Dans le fond d’une cave à trente pieds sous terre,

Un mot désagréable à quelque individu.

Ce MOT — que vous croyez qu'on n’a pas entendu,

Que vous disiez si bas dans un lieu sourd et sombre —

Court à peine lâché, part, bondit, sort de l’ombre ;

Tenez, il est dehors ! Il connaît son chemin ;

Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,

De bons souliers ferrés, un passeport en règle ;

Au besoin, il prendrait des ailes, comme l’aigle !

Il vous échappe, il fuit, rien ne l’arrêtera ;

Il suit le quai, franchit la place, et cætera

Passe l’eau sans bateau dans la saison des crues,

Et va, tout à travers un dédale de rues,

Droit chez le citoyen dont vous avez parlé.

Il sait le numéro, l’étage ; il a la clé,

Il monte l’escalier, ouvre la porte, passe,

Entre, arrive et railleur, regardant l’homme en face

Dit : « Me voilà ! Je sors de la bouche d’un tel. »

Et c’est fait. Vous avez un ennemi mortel.

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