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  • Photo du rédacteurDiane de Basly

Les difficultés du quotidien en EHPAD : d'une conversation ruminatoire vers une action résolutoire

Dernière mise à jour : 24 nov. 2023

L'écho du terrain en ehpad a pour intention de diffuser au plus grand nombre les retours d'expérience terrain de nos interventions depuis 2019.

LES DIFFICULTÉS DU QUOTIDIEN EN EHPAD : D’UNE CONVERSATION RUMINATOIRE A UNE ACTION RÉSOLUTOIRE * * * EXTRAIT de CONVERSATION en groupe de discussion de personnels en EHPADS Comment vous entendez-vous toutes et tous ici ? Est-ce que vous pouvez aborder des difficultés que vous rencontrez de façon simple et échanger autour ? Par exemple, vous prenez votre poste le matin et vous apercevez que la poubelle n’a pas été vidée. Comment réagissez-vous ? - Je ne dis rien. Ah non ! Je ne sais pas comment il va le prendre. Il va peut-être se dire pour qui elle se prend ? - On peut tout dire mais ça dépend comment on le dit. On peut le dire sur le ton de l’humour. Alors vous le diriez ? - Non. Même gentiment ? - Non, parce que je ne sais pas comment il va le prendre. - On se dit que ça peut être un oubli. Moi par exemple, je prends ma poubelle tous les soirs. Et je pense n’avoir jamais oublié…Si je trouve une poubelle qui aurait dû être vidée. Je ne dirai rien. Pourquoi ? Si c’est un oubli, c’est pas grave. - Parce que le jour où j’oublie, je serai furieuse qu’on me le dise. - Moi, je prends, et puis c’est tout. - Si on fait des reproches, on a peur des représailles. Alors on se tait. Ce n’est pas des reproches, c’est juste un dysfonctionnement. - Je ne veux pas aborder le sujet. Ça ne sert à rien. - C’est inscrit dans notre fiche de poste. Quand on termine son poste, on doit vider sa poubelle. Et quand j’arrive, elle n’est jamais vidée. Je ne dis rien. Ça ne changera jamais. - Il faut faire respecter les fiches de postes. Comment faire ? - C’est pas notre boulot. Ce sont les cadres. Avez-vous besoin d’un cadre pour parler des poubelles non vidées et des fiches de poste non respectées ? Pouvez-vous en parler juste entre vous… ? - Surtout pas, on va penser « pour qui elle se prend ». Et si vous en parliez en réunion ? En transmission ? - On nous entend pas. Mais je suis sûre qu’en cas d’urgence, vous sauriez vous entendre…en cas d’urgence. - Même pas. - On va gérer l’urgence mais on n’échange pas. Et après c’est des représailles. Qu’est-ce que ça provoque de fonctionner comme ça ? - Ca change pas. Ca s’empire Avez-vous conscience que je vous ai posé une question qui concernait une poubelle non vidée, et que tout le temps de l’échange, nous n’avons qu’évoquer des aspects psychologiques des uns et des autres, des considérations personnelles ou recherche de coupables… sans jamais aborder le vrai sujet ? Le vrai sujet… c’est-à-dire… s’organiser pour que les poubelles soient le plus souvent possible vidées le soir. Quand est-ce qu’on aborde les vrais sujets ? * * * Voilà le démarrage d’une discussion autour d’une difficulté rencontrée au sein d’une équipe d’agents dans un ehpad. Des échanges de la sorte, vous le savez, il en existe pléthore. Que l’on aborde le matériel manquant sur les chariots, des sujets d’organisation, des techniques de soin, ou une réelle difficulté liée à l’accompagnement des résidents… la teneur des échanges est souvent sur le même registre : des similis discussions « stériles » qui tournent en rond, oscillantes entre déculpabilisation et culpabilisation, des bavardages qui n’aboutissent pas, qui occupent le temps, et absorbent de l’énergie. Selon vous, quelle part d’énergie occupent ces schémas ? Ces formes de non-communication impliquent de la démotivation et de la résignation. Elle divisent, et isolent les équipes. Elles sont pour nombreux, inconscientes, pour tout type de fonctions confondues. On peut détricoter l’origine de ces fonctionnements pour comprendre. On peut donner la cause à la conjoncture. Dans les 2 cas, on perdure dans les mêmes schémas non constructifs. * * * Quittons ce tableau grisâtre, pour maintenant envisager une perspective plus réjouissante. En premier lieu, accordez-vous un moment à imaginer que nous diminuions largement ces schémas… C’est-à-dire que nous récupérerions la part d’énergie qu’ils occupent… Par quoi ce gain d'énergie serait-il remplacé ? C’est une question que nous posons, en groupe, après ce type d’échanges… En voici les réponses : - De la disponibilité - De la légèreté - De l'enthousiasme, de l’envie - De l'initiative - Plus de dynamisme… La liste peut-être longue. > La première étape de toute évolution comportementale est la prise de conscience < Nous fonctionnons pour la plupart en mode « automatique » depuis de nombreuses années, et n’avons pas conscience de nos fonctionnements. Nous ne pouvons pas modifier intentionnellement une façon d’agir si nous ne la « voyons » pas. C’est à quoi correspond la remarque « Avez-vous conscience que je vous ai posé une question qui concernait une poubelle non vidée, et que tout le temps de l’échange, nous n’avons qu’évoquer des aspects psychologiques des uns et des autres, des considérations personnelles ou recherche de coupables… sans jamais aborder le vrai sujet ? ». Elle permet à chacun de prendre du recul et d’observer. > La deuxième étape est l’acceptation < Accepter c’est se dire, OK je fonctionne comme ça, sans chercher ni à se justifier, ni à chercher un coupable (soi ou l’autre). Cette culpabilité nous empêche d’envisager autre comportement. La quitter est pourtant un indispensable pour modifier sa façon d’agir. Nous instaurons dans nos groupes d’échange un climat sécure dès le démarrage et adoptons une posture de mise en confiance, qui autorise chacun à s’exprimer tel qu’il est, sans jugement aucun. L’intervention d’un tiers favorise cette mise en confiance, car elle accélère le processus de déculpabilisation (pas de lien de subordination / pas d’enjeu). > Les étapes suivantes sont d’imaginer la possibilité et les bénéfices d’un autre mode de fonctionnement< La « vision » nous met en situation, et stimule l’envie. L’envie est un élément moteur primordial pour se mettre en mouvement. > La dernière étape sera d’envisager les moyens d’actions, pour transformer une difficulté du quotidien en solution < Par la question « Quel pouvoir avez-vous individuellement et collectivement pour faire évoluer la situation évoquée ? », Nous invitons chacun à se positionner dans sa responsabilité, libre et de passer en mode « acteur ». A travers ces étapes, nous passons d’un fonctionnement « ruminatoire » vers un fonctionnement « créatif ». … * * * Quelle énergie et disponibilité sont gagnées en favorisant cette approche ! Imaginez les bénéfices dans le quotidien de votre structure, surtout dans la conjoncture actuelle... Ça ne se fait pas du jour au lendemain.

  • Ça viendra de vous, uniquement de vous.

  • Ça demandera de la persévérance et des remises en question.

  • Le process en soi sera réjouissant et donc motivant pour persévérer.

* * * Que pensez-vous de ce texte ? Vous est-il utile ? Et si oui, en quoi ? (Je vous invite à noter vos commentaires sur le lien suivant, merci !)

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