Un interview apaisant, qui invite à la prise de recul et ouvre au champ des possibles.
INTERVIEW. Prix Nobel de la Paix, Président des États-Unis pendant huit ans, Barack Obama a publié «Une terre promise», le premier tome de ses mémoires en novembre 2020 chez Fayard. Avec nous, il revient sur son parcours, sur le pouvoir des mots et sur ses espoirs pour le monde de demain.
Barack Obama au micro d'Augustin Trapenard © Radio France
A l’occasion de la sortie du premier tome de ses mémoires Une terre promise aux éditions Fayard, l’ancien président américain, prix Nobel de la paix, Barack Obama s’est confié à Augustin Trapenard et offre son interview-radio exclusive à France Inter.
Son histoire, digne d’une épopée, est celle d’un homme que rien ne prédestinait à accéder à la fonction suprême
Jeune, métisse, sans expérience, il a su convaincre par la force du récit qu’il proposait et incarner l'espoir d'une Amérique nouvelle. Dans Une terre promise, il revient sur la naissance de son engagement citoyen, et sur les étapes qui ont jalonné sa première élection en 2008, alors que son pays était à l'aube d’une crise financière majeure.
Observateur sans complaisance de sa propre action politique, il livre une analyse lucide des errances et des défis auxquels se confronte la démocratie américaine. Un récit fleuve, sincère et épique, qui témoigne à la fois de la force des mots et de leur impuissance. Barack Obama est dans Boomerang.
La traduction simultanée est assurée par Michel Zlotowski.
Extraits de l'entretien
LIRE | Barack Obama : "Il n'y a plus de règles sur ce qui est vrai ou faux, c'est le plus gros danger"
"Ce qui menace la démocratie, c'est ce que nous devons à la mondialisation et à la technologie : l'accélération des inégalités, et des gens qui se sentent laissés pour compte. Cela a rendu une grande partie de la population vulnérable aux appels du populisme."
"Le pouvoir des mots a été compromis par les changements du paysage médiatique. Aujourd'hui, il y a Internet et un millier de plates-formes, et il n’y a plus de règles convenues sur ce qui est vrai ou faux. C'est le plus grand danger actuel pour la démocratie. "
"Nous ne pourrons pas revenir à une époque où il n'y avait que quelques arbitres de la vérité. Mais nous devons trouver des moyens de tenir les réseaux sociaux responsables de la manière dont nous faisons la différence entre réalité et fiction. "
"Michelle et moi avions l'habitude de plaisanter sur le fait que, si les gens voyaient que je ne suspendais pas mes vêtements, ou s'ils voyaient comment mes filles me taquinaient à table, je perdrais beaucoup de mon prestige en tant que président."
"A la fin de mon mandat, j'avais fait assez d'erreurs pour me sentir à l'aise : il n'y avait plus rien que je ne pouvais pas gérer. Si des extraterrestres avaient atterri devant la Maison Blanche, j'aurais dit : ''allons leur parler et voyons ce qu'ils veulent''
"Après la tuerie de Charleston, j'ai été invité à prononcer l'oraison funèbre. Ça a été très dur. A la fin du discours, j'ai chanté Amazing Grace. C'est un moment où j'ai utilisé des mots, de la poésie, pour faire jaillir un espoir commun hors du désespoir."
"Certains écrivains sont tellement doués qu'ils canalisent les dieux. Je n'en suis pas. Moi, je suis plutôt comme un maçon quand j'écris, j'essaie de monter un mur solide."
"L'important est de connaître suffisamment l'histoire pour que lorsque le nationalisme de droite refait surface, nous nous rappelions à quoi il mène. Pour que lorsque nous voyons le sectarisme, les préjugés refaire surface, nous nous en rappelions les conséquences"
"Ceux d'entre nous qui croient en une démocratie tolérante, pluraliste et inclusive, qui offre à tous des possibilités, doivent être vigilants. Ils doivent faire mieux, travailler plus dur, et ne pas considérer la démocratie comme acquise."
"Ce qui menace la démocratie, c'est ce que nous devons à la mondialisation et à la technologie : l'accélération des inégalités, et des gens qui se sentent laissés pour compte. Cela a rendu une grande partie de la population vulnérable aux appels du populisme."
https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-08-fevrier-2021
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