Extrait de l'interview émouvant de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton par Augustin Trapenard sur France Inter, ce 31 mars2021
(J'ai repris les mots intégralement, d'où ce script très oral)
Au sujet de Nina Simone… elle raconte une histoire…
…
« Une des premières fois où j’ai joué pour des jeunes adolescents, où je leur faisais découvrir la musique, où j’ai joué plein de morceaux, et je leur demandais à quoi ça les faisait penser.
Je jouais un mouvement de Chostakovitch très puissant très rythmique, violent, très intense, et je leur demande « Et ça, ça vous fait penser à quoi ? »
« Moi, ça me fait penser au vent »
« Moi, à la tempête »
« Moi, à des gens très méchant… »
…
Et une petite fille lève la main et dit …
« Moi, ça me fait penser à une maman, qui a 2 enfants,
elle a un petit garçon et une petite fille, …
et elle préfère ... son petit garçon …,
et ça me fait penser à ce que ça fait à la petite fille… »
C’est une histoire qui a une force inouïe, parce que ça veut dire que cette colère, cette force dans la musique a été dans le cœur de cette petite fille,
elle a été dans l’endroit que peut-être elle n’avait jamais exprimé
et qui lui a fait dire ça.
La musique, quand elle a cette puissance, quand elle est portée par une voix qui a cette puissance-là,
c’est-à-dire d’ouvrir et d’aller vers des endroits qui sont autres que juste quelqu’un qui joue du violoncelle, même très bien, ça n’a rien à voir.
Nina Simone est une voix qui peut vous amener dans d’autres lieux.
Jouer du violoncelle, c’est au-delà de juste jouer du violoncelle"
"... la musique peut donner la parole à des voix qui peut-être ne l'ont pas..."
Que dire de plus... C'est magnifique.
https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-31-mars-2021
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