Un rêve ... je me vois au pied d'un arbre, écoutant un homme inconnu... il me parle tranquillement...
"Ne t'escrime pas à passer pour ce que tu ne saurais être. Ecris, raconte, fais confiance..."
...
Est-ce que je crois vraiment à ce guide invisible qui semble savoir mieux que moi sur quel chemin je dois aller ? Ma tête dit : "Bien sûr que non", je suis un terrien raisonnable. Ma rêverie répond que oui. Cet homme qui me parle à l'ombre de son arbre me fait un bien inespéré. Alors pourquoi le condamner au néant, à l'inexistence ? Il est imaginaire ? Soit. Mais le fait est que sa rencontre m'élargit le cœur et les sens, elle me fait respirer plus haut, elle me donne des forces neuves. Au nom de quelle loi devrais-je préférer une vérité sèche à un rêve fécond ? Ma tête fait la tête, elle me dit de me taire, elle ne veut pas m'entendre, elle a honte de moi. Elle a, elle des certitudes qu'elle ne veut pas voir contestées. Le réel et le songe creux ne sauraient être confondus, sinon nous voilà tous perdus dans un brouillard rédhibitoire. Ma voix rêveuse lui répond que le vrai ( ou ce qu'on croit tel) n'est peut-être qu'une apparence, et que le faux, peut-être bien, n'est que du vent déguisé. Où se niche la vérité ? La trouverai-je un jour ? J'en doute. En attendant, si j'ai le choix, j'adopte ce qui m'est utile, ce qui me donne envie d'aimer, ce qui efface mes fatigues. Je décide donc, vrai ou faux, irréel ou non, peu m'importe, qu'au pied d'un grand arbre familier un vieux vivant veille sur moi. J'aime mieux lui dire merci que de le traiter de fantasme. Ma tête raisonnable en reste renfrognée mais, bonne nouvelle, elle le sait.
Extrait "J'ai pas fini mon rêve" - Henri Gougaud
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